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jeudi 17 mars 2011

Paralléle entre la fiabilité du Concorde et celles des centrales nucléaires

Mon expérience de la fiabilité des systèmes d'il y a quelques années en tant qu'ingénieur chez un grand industriel français permettra je le pense de clarifier le débat actuel sur la gestion des risques et en particulier ceux liés aux centrales nucléaires.
Cela s'impose  aujourd'hui tant le discours scientifique est pollué par des discours politiques et économiques allant dans tous les sens.
Pour les centrales françaises: "la probabilité d'un accident de fusion du coeur débutant par une situation complémentaire de dimensionnement ( exemples: pertes des alimentations électriques secourues, perte de l'alimentation normale et de secours en eau des générateurs de vapeur)  ne doit pas exceder l'ordre de grandeur de 10-7 /an " p 555 du livre de sureté de fonctionnement des systèmes industriels de M Alain Villemeur. ( collection de la Direction des Etudes et recherches d'Electricité de France)
Ce qui veut dire qu'aujourd'hui la sécurité des centrales n'est nullement remise en cause par les évenements et l'expérience pour autant que la maintenance soit effectuée correctement pour la partie déterministe.

Le problème est que la probabilité des évenements extérieurs  - avec l'hypothèse qu'ils soient en plus tous identifiés - ne peut  être chiffrée avec précision.  Ceux-ci  peuvent conduire à des défaillances catastrophiques qui  peuvent être de probabilités bien supérieures à 10-7 /an entraînant la perte du refroidissement du coeur même après un arrêt immédiat de la centrale.
Le recent séisme au Japon  du 11 mars 2011 de magnétude 9 a montré que la centrale de Fukushima  peut tenir et que les systèmes de sécurité ont fonctionné entraînant un arrêt immédiat de la centrale. Ce qu'on  avait omis c'est qu'en général un séisme induit des profondes modifications de l'environnement et en particulier des niveaux des eaux fluviales ou martime ( ex Tsunami) Il s'agit donc d'un seul et même évenement conduisant à une panne catastrophique donc la panne unique tant redoutée des concepteurs de systèmes industriels. Sans atteindre un tel niveau de magnitude on voit donc la vulnérabilité des centrales à des agressions externes: les terroristes savent maintenant le point faible des centrales, la chute d'un avion  a été prise en compte dans la résistance des matériaux  mais peut être pas sur le refroidissement de la centrale.

On pourrait faire un certain parallèlisme avec le dernier accident du Concorde ( juillet 2000)  où la fiabilité de l'avion n'a pas été mise en cause ; D'ailleurs du fait du saut technologique de cet avion des objectifs de sécurité avaient été introduits. La panne catastrophique d'un avion doit être inférieure à 10-9 par heure de vol. Hors tout le monde sait que c'est un évenement externe à l'avion ( la lame métallique sur la piste) qui a conduit à un déchirement du réservoir carburant et donc la perte de contrôle de l'avion.
Les experts ont conclu à une grande vulnérabilité de l'avion et ont decidé d'arrêter son exploitation.

Il est peut être trop tôt pour faire l'analyse des faits mais une chose est sûre ce n'est que par l'expérience que la fiabilité et la gestion des risques peuvent progresser. Il reste un point majeur à trancher, mais celui là est d'ordre politique, c'est de savoir quel est le niveau de risque que l' on peut faire supporter à une population sachant que nous quittons la zone des  probabiltés de 10-7/an  pour se rapprocher des 10-4 voir  des 10-3 par an pour un réacteur et ceci multilpié par le nombre de réacteurs en service dans le monde. Pour la première fois sur l'ensemble des catastrophes nucléaires recensées,  dans le cas de Fukushima ne s'agit pas d'une défaillance des matériels ni d'erreur humaine ( Tchernobyl) comme c'est souvant le cas. Bravo à nos ingénieurs.
On quitte le monde de lévenement improbable ( 10-7/an) à celui d'un évenement possible ( 10-4/an) voisin de la probabilité du risque de l'activité automobile.  Il faudra ajuster le discours politique pour coller au plus près des chiffres.

3 commentaires:

  1. Excellente analyse!
    Elle montre que le choix de la filière de l'eau pressurisée doit être profondément remis en cause. D'après ce que je sais, l'EPR ne présente pas les mêmes vulnérabilités à la défaillance du système de refroidissement. Mais pour les centrales existantes, il est urgent de revoir complètement le système d'alimentation en eau de refroidissement, y compris des piscines, afin de réduire leur exposition à un risque extérieur comme celui de la rupture d'un barrage sur le fleuve, en particulier sur le Rhône, qui aurait les mêmes conséquences que le tsunami de Sendai. Il faudrait, par exemple, créer d'importants réservoirs d'eau à proximité de chaque centrale, qui puissent alimenter les cuves et les piscines par gravité, et donc s'affranchir des risques de coupure de l'alimentation électrique...

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  2. La probabilité d'accident doit être calculée lors de la conception d'usines, de centrales nucléaires, d'avions, de voitures, etc. cependant il est clair qu'un évènement imprévisible peut à tout moment causer une catastrophe (acte terroristes, tremblement de terre, tornade, etc). Personnellement je suis contre le nucéaire: trop dangereux! Et pour une planète moins surpeuplée, une diminution de la consommation d'énergie, le développement des énergies écologiques etc. Le 1er vol du concorde piloté par André Turcat en 69 restera dans la mémoire de beaucoup de français, car cet avion fut vraiment une prouesse technique à l'époque. Cocorico!

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  3. Maintenant j'ai changé ma position sur le nucléaire . A la lumière des faits, l'espérance de morbidité devient démesurée par rapport aux gains.
    Il faut au minimum organiser un référendum national et pourquoi pas aux européens car cela touche aussi nos compatriotes. En parallèle revoir la conception des groupes de sécurité de refroidissement des centrales existantes. Sortir progressivement de cette filière qui est une impasse comme était le Minitel mais en plus dangereux pour nos populations!

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